Nada Zéro
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Dormeurs des gares

Dormeurs des gares, il n’est rien dans ce monde
Que l’on doive mépriser. On dit que le sommeil est bleu,
Plongez-y sans réserve, montrez-y du zèle,
Ne sacrifiez pas votre orgueil dans le tumulte de la nuit.
Les jours et les nuits se succèdent, oui
Que tout cela est emmerdant.
Ne regardez jamais en avant, n’ouvrez plus les yeux,
Ne demandez plus de la lumière, il ne fait nuit qu’une fois.
Ne pensez à rien d’autre, riez tant que vous pouvez,
Jouez avec votre ombre. Les souvenirs s’effacent.
Flottez maintenant, il n’y a rien à craindre, tout est si simple.
Cette gare contient tous les vents de la terre, il vaut mieux dormir
Pour quelque temps encore, lâcher le fil, ouf !
Tout est vide dans le rêve de cette gare.

Seul le bruit de mes pas
Sur le quai résonne.
Personne. Tout dort, c’est la nuit.

Bruno SOURDIN
« HAZEL »
Éditions Les Deux-Siciles. FRANCE

Angela Berendt

Les murs

C’est en soixante-dix les murs débarbouillés
Dont le bleu pétillait ainsi que les cyanoses
Ils sont dans la fission des rotules des roses
Les visites séchées du nom de liberté.

Cela ressemble au calme et ce n’est qu’âpreté
Fagoté de ses jean’s touchant les ecchymoses
Qui lape le sorbet le vichy des nécroses
Pudique moucheron est-il sur le pâté ?

Et sentent les tumeurs comme la faux bilieuse
Allant dans les souris de ses apnées huileuses
Usé comme les vieux fichus.

Qui ne s’astreint qu’au linge et l’écume d’écharde
Les larmes d’Opinel éludant ses pochardes
L’océan de ses becs déchus.

Bruno SOURDIN
« HAZEL »
Éditions Les Deux-Siciles. FRANCE