Nada Zéro
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Dans les palais infinis
                du silence
s’égarent les spectres blancs
                de princesses mortes.
Les murs ont bu
                leurs soupirs.
Les fontaines défaillent
dans l‘étreinte des marbres.
La pierre a étouffé les douceurs du jour.
La splendeur pourpre du couchant
n’est plus qu’un reflet pâli
derrière les portes du sommeil.

                Au creux des miroirs
                une goutte monotone
                                très loin
                                               martèle
                                               la mémoire
                                enfouie
sous les vagues lentes du sable.

L’aveugle dans la rue

De ses doigts de ses jambes
De tout son corps en mouvement
elle perçoit
les objets sur son chemin
De heurts en hématome se découpent
des pourtours tour à tour rassurants ou effrayants
selon qu’elle les peut éviter
rayonnante lumière noire
dans la mémoire de ses gestes
ou que de jour en nuit se déplaçant
ils affûtent comme coutelas
l’angle cru de leur surprise
hachant de brutalité sa marche sur le trottoir
Les choses pourtant ne lui veulent
ni douceur ni violence
Inertes elles se laissent colloquer
à l’endroit immuable
ou ailleurs sans cesse
par des gens bien voyants
qui oublient souvent
que son derme
est le regard vif d’une aveugle

Fleurs de Paris

Dans le printemps tout gris
         mais doux
les rollers ouvrent
les pétales de leurs bras
Au tempo d’une bourrasque
effleurent le sol de leur corps
pour, obstinés, d’un trottoir à l’autre
reprendre leur envol vers l’été