Et hop, un mot de trop.
Mot d'étron.
Mieux vaudrait mentir. Se mentir.
Le "aime" est un mot piège, et son identité
se constitue de chausse-trappes. C'est ce qui fait son charme,
d'ailleurs, au mot "aime".
Doucement, tendrement ambigü.
C'est dangereux.
Comme dire "je t'aime" à un enfant.
C'est dangereux. Mais l'amour, c'est entier, c'est vaste; mais
entier, fini et infini.
Comme un océan. Quand on s'y plonge, on en ignore les rivages.
Se laisser porter.
Des fois, on coule.
Faire la planche, ça permet de voir les étoiles.
Quand l'eau est tiède, quand la peau s'habitue, tout devient
osmose.
On est dissout dans l'océan ; on est l'océan.
Sous
la Lune, on dérive.
Les bras en croix.
L'espace
catastrophique, c'est ainsi que les scientifiques désignent
cette frontière floue entre nous et dehors. Quand nos 99
% de vide rencontrent 99% de vide...
Où s'arrête ma peau ? Où commence l'autre
?
Les molécules se mélangent et c'est la catastrophe.
Je suis en toi, et tu es en moi.
Nous sommes traversés.
Si
je touche la pierre, une partie de moi est la pierre.
Mais la pierre ne répond pas.
Le
mot "aime" est un espace catastrophique.
Peau-aime.
Souillac, et ailleurs sur terre. 21 novembre 2003
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